Portraits Libanais

Clémence Nassif, une diététicienne engagée dans une société axée sur l’apparence

Crédit photo: Céline Bou Rjeily de l’Académie libanaise des Beaux-Arts

La jeune nutritionniste se fraie un chemin en fondant son propre cabinet au moment où la crise économique gronde au Liban et que tous les domaines sont affectés, voire bloqués. 

L’enfance, là où tout commence

Depuis son plus jeune âge, la vingtenaire aux longs cheveux noirs et aux yeux radieux sait ce qu’elle veut devenir : une femme réussie et indépendante. « Mon but principal est d’être quelqu’un qui a un impact sur les gens en espérant laisser derrière moi une certaine trace », affirme-t-elle. 

Dans sa clinique de consultation diététique où nous l’avons rencontrée, Clémence feuillette les pages du passé, se souvenant des moments émouvants de son enfance. Elle affirme que c’était pour elle une très belle période, vécue dans une maison où tout le monde aimait étudier. « Chez nous, la discipline et l’obéissance régnaient autant que l’affection et l’amour familial », dit-elle.

Étant l’aînée, Clémence apprend tôt le sens des responsabilités et donne confiance à ses deux jeunes sœurs  La famille est soudée et Clémence occupe une place particulière dans sa fratrie. « C’est mon idole, elle est tout pour moi »,  assure Joëlle, l’une de ses sœurs. Et réciproquement : Clémence souligne que sans le support de ses sœurs, elle n’aurait pas pu réaliser ses rêves et réussir.

 Aider les gens c’est déjà un message

Cette nutritionniste agréée avoue qu’elle a choisi son domaine, motivée par la passion de se lier aux gens et de les aider à améliorer leur mode de vie, avant tout à but lucratif. « Aider les gens, c’est déjà un message. Ça a un côté humanitaire, » affirme-t-elle en souriant. Vêtue de sa blouse blanche, Clémence explique que la nutrition est un domaine paramédical similaire à la médecine étant donné qu’elle peut prévenir plusieurs problèmes de santé comme le cancer, l’obésité, le diabète, les maladies cardiaques. Elle juge l’éducation à la bonne alimentation cruciale dans une société ayant des habitudes alimentaires malsaines d’un côté, et obsédée par les apparences et la perfection physique d’un autre côté. 

Depuis les bancs scolaires, Clémence adore la biologie, « C’était ma matière préférée ! » s’exclame-t-elle. Ensuite, elle entame son aventure universitaire à l’Université maronite du Saint-Esprit de Kaslik (USEK) dans le domaine de la nutrition et la diététique et décroche une bourse d’excellence dès sa première année. Sur son mur, sont accrochés 17 licences et diplômes différents obtenus entre le Liban et la France ! 

Clémence Nassif entourée par Christine Smayra et Sarelle Hawat (de gauche à droite) durant l’entretein

Une approche professionnelle passionnée

La clinique qu’elle a fondée à Amchit, sa ville natale et de résidence, reflète bien sa personnalité. L’espace baigne dans le calme du violet, «  c’est ma couleur préférée ! » confie-t-elle. C’est important pour elle que son cabinet lui ressemble. Sur le mur de la salle d’attente est peint un schéma présentant 7 conseils pour avoir un mode de vie sain. La jeune nutritionniste les résume ainsi :

Il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger. 

« Pour exceller, la condition première n’est pas de travailler comme un devoir à remplir mais d’être poussée par la passion pour ce qu’on fait. » Mais ce n’est pas tout ! Clémence affirme qu’une bonne communication avec les patients est une clé magique. « Il faut donner de tout votre cœur ! » s’enthousiasme-t-elle enfin. Clémence est ainsi l’exemple d’une femme indépendante et ambitieuse et inspire les jeunes par sa persévérance et son optimisme. 

Prioriser la santé sur l’apparence 

Dans un pays axé sur l’apparence, Clémence Nassif croit fermement qu’il est bénéfique de se soucier de sa santé et de veiller à éviter des habitudes alimentaires toxiques.

Cette jeune diététicienne nous avertit toutefois de ne pas nous concentrer excessivement sur l’apparence physique, car celle-ci ne prouve en rien notre état de santé réel. « Il ne faut absolument pas nous obséder sur notre apparence physique, car cela constitue également une habitude toxique », insiste-t-elle avec conviction. Sa perspective met en lumière l’importance de privilégier une approche équilibrée, où le bien-être global prime sur l’obsession esthétique.

Portrait écrit par: 

Sarelle Hawat, Christine Smayra et Marion Eid du Collège des Sœurs des Saints Cœurs – Jbeil

Dans le cadre du projet “Plumes engagées, la jeunesse libanaise s’exprime” porté par l’Institut français du Liban à l’occasion du Sommet de la Francophonie, qui se tiendra en octobre 2024 en France, en partenariat avec L’Orient-Le Jour , l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (Alba)YOMKOM, avec le soutien d’ALAMsuisse et ChangeLebanon!

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“À travers les ténèbres, la lumière intérieure de Ghassan Hanna”

 

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