Crédit photo: Chloe Khoury Hanna de l’Académie libanaise des Beaux-Arts
Ce défenseur de la verdure ancestrale a consacré les 23 ans de sa carrière à la gestion durable des ressources naturelles et à la promotion de la biodiversité. Sous sa direction, la réserve du Chouf a bénéficié de programmes innovants de conservation et de développement communautaire. Ces initiatives incluent la reforestation, la protection de la faune et de la flore locales ainsi que la sensibilisation des populations locales et des visiteurs à l’importance de la biodiversité.
Avec un visage souriant, Nizar Hani accueille les touristes et les visiteurs de la réserve en disant « Ahla w sahla ! ». Puis, il s’assoit humblement par terre sous les ombres des cèdres, refusant d’être surnommé monsieur ou docteur, et privilégiant plutôt son prénom. « Sans surnoms c’est beaucoup mieux ! » dit-il en faisant des gestes amples et fluides de la main. Ses doigts caressent délicatement les troncs d’arbres centenaires, comme pour en percevoir le battement de vie.
Né à Baadarane en 1978, Nizar Hani a grandi imprégné par l’amour des majestueuses forêts du Chouf. Le protecteur des cèdres éternels est considéré comme un lutteur pour la protection des espaces verts. Au fil des années, il a pu acquérir plusieurs diplômes : une licence en biochimie, un master en sciences de l’alimentation et un doctorat en sciences agricoles. Il est ainsi devenu une figure éminente dans le domaine de la conservation au Liban.
Aujourd’hui, l’équipe de la réserve compte 70 chercheurs fixes et 250 bénévoles qui s’entraident pour le progrès de ce milieu naturel…
Un travailleur acharné
En 2000, M. Hani a entamé sa carrière professionnelle. « Au début, j’étais coordinateur scientifique. J’ai exécuté ce travail avec une équipe pendant dix ans et lorsque je suis devenu le directeur de la réserve, la responsabilité a totalement changé », explique-t-il. « On a commencé avec dix ouvriers. Aujourd’hui, l’équipe compte 70 chercheurs fixes et 250 bénévoles qui s’entraident pour le progrès de ce milieu naturel… C’est plus qu’un simple métier ! C’est plutôt un mode de vie », déclare-t-il avec des yeux scintillants. Ce « moudir », comme l’appelle Majed, le guide la forêt de cèdres de Maasser, consacre de longues heures à son travail, démontrant un dévouement sans faille à la conservation de la nature et au développement durable. Ses journées commencent souvent à l’aube et se prolongent bien après le coucher du soleil afin d’assumer toutes ses responsabilités : superviser les projets de reforestation, coordonner des programmes éducatifs pour sensibiliser le public et collaborer avec des chercheurs et des partenaires internationaux. M. Hani est constamment en réunion ou sur le terrain.
Bénéficiant du support inconditionnel de sa famille, Nizar Hani affirme que cela a contribué à sa réussite. « Mon épouse a joué un rôle primordial dans ma réussite. Elle a supporté mes longues absences. Je travaillais au début de ma carrière 20 heures par jour. Actuellement, je travaille environ dix-huit heures », souligne-t-il. L’activiste estime aussi que « planter un cèdre qui porte le nom d’une personne qui nous est chère est une façon tangible de rattacher l’individu à ses racines ». « Si j’ai à planter un cèdre, il portera le nom de mes enfants », confie-t-il.
Un écolo ambitieux
Malgré les défis et les problèmes issus du changement climatique, Nizar espère pouvoir « lier toutes les réserves naturelles du Liban par un réseau afin de créer des corridors écologiques pour faciliter la migration des espèces et la restauration des habitats dégradés entre les réserves ». Il reconnaît toutefois que cette initiative nécessite une coordination interinstitutionnelle, des politiques de protection rigoureuses et l’implication des communautés locales. « Le concept des réserves a changé dans le monde entier, on ne se contente plus de protéger une espèce mais plutôt l’aménagement paysager », ajoute M. Hani.
« Il y a quelques années, 20 à 30 personnes pratiquaient la randonnée dans nos forêts car l’objectif des visiteurs était la chasse. Mais cela a changé de nos jours », se félicite le militant. Il affirme aussi que le nombre de visiteurs de la réserve s’accroît chaque année. « Nous accueillons aujourd’hui environ 120 000 visiteurs par an. Les gens ont pris conscience de l’importance de la nature », précise-t-il, espérant pouvoir rester le gardien des cèdres du Liban.
Portrait écrit par:
Nadine Hani, Adam Kerbaj et Yasmina Azzam de l’École Al Marj Baakline
Dans le cadre du projet “Plumes engagées, la jeunesse libanaise s’exprime” porté par l’Institut français du Liban à l’occasion du Sommet de la Francophonie, qui se tiendra en octobre 2024 en France, en partenariat avec L’Orient-Le Jour , l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (Alba), YOMKOM, avec le soutien d’ALAMsuisse et ChangeLebanon!
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