Crédit photo: Mikael Sader de l’Académie libanaise des Beaux-Arts
Son rôle dépasse largement les limites de la cardiologie. « C’est une citoyenne engagée, une rebelle contre les injustices, et une figure de solidarité pour les habitants de Damour », son village natal, affirme sa mère, avec fierté. Animée par une personnalité dynamique et rebelle, Maya-Louise Akl a choisi de se spécialiser en cardiologie à une époque où cette branche de la médecine connaissait des avancées pionnières, à la fin des années 1990. Son parcours illustre parfaitement comment un médecin peut transcender les frontières de la pratique médicale pour devenir un pilier de sa communauté. « Son dévouement à l’excellence est inégalé, et son parcours est un exemple vivant de la manière dont un médecin peut devenir un pilier communautaire », témoigne Joseph, son collègue, qui est également ambassadeur du Liban en Allemagne.
Attachement à son village natal
En tant que femme dans un domaine dominé par les hommes, Maya-Louise Akl a dû surmonter des obstacles considérables. « Dès mes débuts, on me demandait souvent quand le médecin arriverait, sans réaliser que c’était moi », raconte-t-elle avec un sourire teinté d’ironie, tout en levant les sourcils pour souligner l’absurdité de la situation. « Ce n’était pas évident pour une femme de faire de la cardiologie à mon époque. Pourtant, ces défis n’ont fait que renforcer ma détermination et mon engagement envers mes patients. Le fait que le littoral du Chouf soit dépourvu d’un hôpital pour les urgences, notamment un service de cardiologie interventionnelle, me pousse à (…) faire plus pour déceler tôt les affections cardiaques, avant qu’elles ne se manifestent par une crise cardiaque mortelle », dit-elle en frappant la paume de sa main gauche dans son cabinet, comme pour souligner la tristesse qui l’accable.
Depuis des années, Maya-Louise Akl plaide avec ardeur pour la création de centres médicaux spécialisés sur le littoral du Chouf et pour une couverture médicale universelle. Lors de la pandémie de Covid-19, elle a été au cœur de l’organisation d’une chaîne de soutien social, permettant de surveiller et de soigner les patients à domicile grâce à des concentrateurs d’oxygène fournis par des philanthropes locaux. « Cette solidarité a sauvé de nombreuses vies et démontré l’importance du soutien communautaire face aux défaillances du système de santé », souligne-t-elle avec une expression sérieuse.
Une « Choufienne » déterminée et innovante
Profondément attachée au Chouf, c’est à Damour qu’elle a choisi de dispenser la majorité de ses soins dans son cabinet. « Je cherche à réduire les disparités en matière de santé cardiaque et à améliorer la qualité de vie de mes patients dans le Chouf, notamment à Damour », confie-t-elle. Elle regrette le fait que les citoyens vivant dans des zones défavorisées ou rurales ont un accès limité aux soins de santé préventifs et aux traitements médicaux avancés. « Je m’efforce donc de sensibiliser mes patients et la communauté à l’importance de la prévention et de l’adoption de modes de vie sains », explique-t-elle en retournant à son cabinet et en s’asseyant sur sa chaise devant son bureau.
« Traiter n’apporte pas toujours un réconfort. Par conséquent, traiter fait partie de la démarche de soin mais n’est pas synonyme de soigner car on peut soigner sans traiter ; on peut aussi, malheureusement, traiter sans soigner »
Professionnelle minutieuse et compétente, la cardiologue s’efforce seule d’apporter au Chouf les avancées médicales qui bénéficient directement aux patients en améliorant la précision des diagnostics, en offrant des options de traitement plus sûres et moins invasives, et en augmentant globalement la qualité des soins qu’elle peut leur fournir.
Cette femme perspicace et ambitieuse n’a cessé de progresser et de se former. Elle a donc introduit de nouvelles technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle (IA) et les algorithmes d’apprentissage automatique (machine learning) qui commencent également à jouer un rôle de plus en plus important dans la cardiologie.
Son bureau orné de certificats de reconnaissance et de photos d’événements communautaires, témoigne de son dévouement et de son impact positif sur la communauté. Son sourire chaleureux et ses paroles inspirantes laissent une impression durable sur ceux qu’elle rencontre, faisant d’elle non seulement une excellente cardiologue, mais aussi une figure de proue de la communauté, une défenseure passionnée de l’égalité des soins et une inspiration pour ceux qui cherchent à faire une différence. « Traiter n’apporte pas toujours un réconfort. Par conséquent, traiter fait partie de la démarche de soin mais n’est pas synonyme de soigner car on peut soigner sans traiter ; on peut aussi, malheureusement, traiter sans soigner », souligne-t-elle.
Portrait écrit par:
Dina Nazha, Léa Najem et Tia Bitar du Lycée Adonis Kfarchima
Dans le cadre du projet: « Plumes engagées, la jeunesse libanaise s’exprime » porté par l’Institut francais du Liban
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