En apparence les femmes libanaises semblent « fortes », sûres d’elles-mêmes, déterminées, émancipées, libres. Elles sortent, fument dans la rue, sont présentes dans les milieux artistiques, professionnels, politiques…. Elles travaillent, conduisent, voyagent seules, sont députées, ministres, juges, directrices de banque… Mais qu’en est-il en réalité au niveau des lois et de leurs droits ? Sont-elles l’égales de l’homme à ce niveau ? Gagnent-elles les mêmes salaires ? Héritent-elles de la même sorte ? Quelles sont les dernières avancées législatives ?
Sans vouloir les nommer toutes, nommons-en quelques unes des avancées législatives timides. Enregistrée en 1953 est le droit accordé aux femmes de voter. En 1974, les femmes mariées ont eu le droit d’obtenir un passeport et de voyager sans la permission de leur mari. En 2014, une loi sur la violence conjugale a été adoptée, mais a défini ce type de violence domestique de manière trop étroite et a omis de criminaliser par exemple, le viol conjugal. En 2017, un article d’une loi qui permettrait à un violeur d’éviter d’être poursuivi en justice en épousant sa victime, a été supprimée. Les crimes d’honneur ne sont plus considérés comme circonstanciels, et sont jugés et pénalisés comme tout autre meurtre.
L’article 7 de la constitution libanaise dit : « Tous les libanais sont égaux devant la loi. Ils jouissent également des droits civils et politiques et sont également assujettis aux charges et devoirs publics, sans distinction aucune ». Il faut appliquer ces lois dans la pratique. Les délits d’adultère par exemple, ne sont pas punis de manière égale entre les deux genres. Pourquoi une femme devrait pour les mêmes actes criminels ou effractions encaisser des sanctions plus sévères que celles des hommes, allant jusqu’au double du temps d’incarcération ?
Quelques exemples de paradoxes dans la vie d’une femme Libanaise.
Elle peut être : | MAIS | |
Directrice de banque | —— |
Ne peut pas ouvrir un compte pour son enfant |
Citoyenne égale | —— |
Ne peut pas donner la nationalité à ses enfants ou à son mari |
Occupe des postes importants | —— |
N’a pas l’égalité salariale |
Aussi aimée que sa fratrie | —— |
N’hérite pas comme son frère |
Voyage seule | —— |
Ne peut pas faire seule un passeport à son enfant |
Peut faire ses papiers seule | —— |
Pas ceux de ses enfants |
Occupe des postes gouvernementaux | —— |
Doit subir un quota pour y être engagée |
Citoyenne égale | —— |
Est pénalisée plus sévèrement pour un même délit |
Des problèmes à traiter d’urgence
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L’absence de loi gérant les statuts personnels
Le Liban ne dispose pas de code civil couvrant des questions telles que le divorce, les droits de propriété ou la garde des enfants. Pas de code civil veut dire aussi pas de juges ni de cours spécialisés dans ce domaine non plus.
Tout cela est géré par les cours religieuses de chacun et chaque religion gère à sa façon. Certaines lois favorisent l’homme comme celles concernant la garde des enfants en cas de divorce, le partage d’héritage… et ça ne s’arrête pas là, ces lois sont différentes entre elles selon les confessions qui ont chacune sa propre jurisprudence et ses tribunaux qui sont tous religieux, et non pas civils.
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Les mariages précoces
Le Liban n’impose pas d’âge minimum national pour le mariage. Là aussi ce sont les tribunaux religieux qui décident. Une fille peut se marier dès l’âge de 12 ans. Aussi, il y a un vide juridique concernant les cas de rapports sexuels hors mariage avec des mineures.
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La violence domestique et conjugale.
La violence domestique peut être commise par le mari, le père, le frère ou un proche. 96% de la violence contre les femmes sont les faits d’hommes (source : NGO kafa).
Silence aussi en ce qui concerne : le viol conjugal, le harcèlement sexuel, moral ou verbal.
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Le droit de transmission de la nationalité
Les femmes libanaises ne peuvent pas transmettre leur nationalité à leurs enfants ou à leurs maris étrangers alors que l’homme peut.
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L’égalité dans le monde du travail
Les femmes en dépit d’un environnement professionnel de plus en plus féminisé, ne disposent pas des mêmes salaires que leurs collègues masculins pour un travail égal. Les lois ne sont pas franchement discriminatoires sur la base du genre dans le monde du travail, toutefois, elles n’exigent ni ne garantissent le passage aux grades supérieurs (pas de texte juridique clair et obligatoire).
Le changement
Pour instaurer l’égalité totale entre les femmes et les hommes, il faudrait commencer par et non seulement
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