Portraits Libanais

Nada Boustani, la voix de la nature qui résonne!

Nada Boustani, directrice du Drageon, en harmonie avec la nature à Bkechtine. Crédit photo: Julia Abou Daher de l’Académie libanaise des Beaux-Arts

Une véritable activiste environnementale prête à tout pour préserver la beauté et la délicatesse de notre nature. Militante depuis près de vingt ans pour la protection de la nature, cette femme aux nombreux casquettes a consacré sa vie au service de l’environnement.

« Il n’y avait pas un arbre, il n’y avait pas une plante, il n’y avait rien de vert qui restait sur la colline !», dit-elle en se frottant les mains. En 2008, un incendie ravage la colline de Bkechtine dans le Chouf, et ne laisse pas Nada Boustani indifférente.

Cette femme, dont la passion pour la nature illumine le chemin des nouvelles générations, est très attachée à ce village. Quelques mois après le désastre, elle remarque que de petits drageons sont en train de pousser sur les oliviers brûlés. C’était un signe de renaissance pour elle. En 2010, elle fonde Le Drageon, un centre d’éducation à l’environnement et au développement durable, pour sensibiliser les jeunes à l’importance de la protection de la nature.

Nada Boustani répond à toutes nos questions avec le sourire

Amoureuse du Liban

Nada Boustani est née et a grandi en Égypte. Ce n’est qu’à la fin de la guerre civile libanaise qu’elle se rend au pays du Cèdre. Après avoir mené des études en économie aux États-Unis et travaillé pendant de nombreuses années pour des multi-nationales, elle tombe sous le charme du Liban. « Un des moments les plus émouvants était la première fois où je suis venue au Liban (…) Je suis tombée amoureuse de ce pays, je dois trouver un moyen pour venir vivre ici », se remémore-t-elle d’une voix pleine d’émotions. Elle s’y installe fin 2005.

Une relation extraordinaire avec la terre

Nada découvre une relation forte avec la terre où le passé et le présent se mêlent. Elle apprend beaucoup sur les plantes, les petites bêtes, les écosystèmes et leur mode de fonctionnement. Elle, qui a travaillé dans le monde des affaires, connaissait peu de ce domaine. Cette amoureuse de la nature est passionnée de fleurs et de plantes et aime vivre au rythme des saisons. Elle cultive son propre potager à Bkechtine où elle plante différents fruits et légumes. « J’aime faire mon Zaatar, le sumac pas encore mais on a des plantes de sumac », poursuit-elle en souriant. Préserver la nature dans ce village, selon elle, c’est aussi en profiter et le partager. Elle aime aussi travailler avec les enfants et a beaucoup d’espoir dans la future génération. Nada a même transmis sa passion à sa fille qui travaille avec elle. Et cet amour à la terre s’est épanoui au fil du temps…

En 2010, le Drageon ouvre ses portes. Pour se préparer, Nada suit une formation, ce domaine étant méconnu pour elle. Elle travaille alors avec des animateurs qualifiés et expérimentés venus de France, et s’inspire de l’un d’eux, malgré un échange tendu à leur rencontre. D’autres animateurs, également très investis dans l’écologie et l’éducation environnementale, influencent Nada. Leur engagement et leurs méthodes, notamment leur manière de travailler avec les enfants, la marquent fortement et contribuent à façonner son approche pour diriger le Drageon.

 
Parcours et contributions

« Elle est persistante, elle essaie plein de choses, elle ne s’arrête pas… Nada travaille toujours avec son cœur, elle prend soin de ce qu’elle fait…», raconte Hamid, un ami proche de la militante. Il la décrit comme quelqu’un de méticuleux et de passionné, mais aussi d’engagé. Sa fille, Sky, soulève son désintérêt pour tout profit matériel, estimant que sa mère « aurait pu faire beaucoup d’argent… avec Le Drageon, on aurait pu faire plus si on avait accueilli plus d’enfants, mais elle voulait toujours préserver la qualité de ce qu’elle offrait… ». Elle ajoute que le travail de sa mère est très important puisque « son projet est unique, il a un vrai impact…il y a toujours un élément éducatif… les enfants bougent, expérimentent, testent…on veut vraiment qu’ils soient déconnectés … ».

Dans le cadre des activités qu’elle mène dans son centre, les jeunes passent une semaine chez elle et deviennent plus qu’une famille. Elle les entendait souvent répéter « C’est le plus beau jour de ma vie! ». Cette relation avec les jeunes la touche profondément.

« On a tous vraiment à cœur de préserver ce lieu… » Crédit photo: Karen Haydamous de l’Académie libanaise des Beaux-Arts

Pour faire face aux dégâts causés par l’incendie à Bkechtine, Nada lance, à la création du Drageon en 2010, une campagne de reboisement à laquelle quelques écoles prennent part. Des centaines d’arbres ont été plantés, et plusieurs élèves sensibilisés à l’écologie.

L’activiste s’engage aussi dans la collecte des déchets. Elle construit un grand local pour recueillir les déchets recyclables des familles de la colline. Une fois l’espace rempli, elle appelle des associations qui récupèrent le tout. Le tri des déchets, elle le communique aussi aux élèves qui lui rendent visite au Drageon et l’intègre dans leurs activités. Elle leur explique comment procéder au recyclage, mettre dans le composte,…

« Il y a beaucoup de travail à faire » dans la région du Chouf et au Liban, reconnaît la militante. Selon elle, il est plus facile de sensibiliser les enfants que les adultes. « J’encourage les jeunes professionnels à s’investir dans ce domaine parce que c’est très valorisant pour la personne », précise-t-elle avec enthousiasme.

Une vraie passionnée par son projet et sa cause, Nada a sans doute un impact très positif sur la société et sa communauté, et croit à la puissance de la nouvelle génération dans la préservation de l’environnement.

« On a tous les problèmes du monde au Liban mais on a le plus beau climat au monde ! … Ça vaut le coup de préserver ça !», conclut-elle.

Portrait écrit par: 

Ali ABOU KHÉCHFÉ, Sabine EL DAKDOUKI et Rose EL HAJJ CHÉHADÉ, élèves du Collège Universel, Chehim (El Chouf)

Dans le cadre du projet: « Plumes engagées, la jeunesse libanaise s’exprime »  porté par l’Institut francais du Liban

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