« Les enfants du Liban subissent de plein fouet l’un des pires effondrements économiques que le monde ait connu ces derniers temps », a averti le 1 juillet 2021 le Fonds des Nations Unies pour l´enfance (UNICEF). L’escalade de la crise met en danger les enfants, car la majorité des familles n’ont plus les moyens de répondre aux besoins fondamentaux de leurs enfants. Selon une enquête menée par l’UNICEF auprès de plus de 1,200 ménages en avril 2021, plus de 30% des enfants se sont couchés le ventre vide et ont sauté des repas au cours du mois dernier et 77% des ménages doivent acheter de la nourriture à crédit ou emprunter de l´argent.
Pourtant, la crise économique au Liban est considérée comme une épée à double tranchant. D’une part, elle peut contribuer à éliminer les mauvaises habitudes alimentaires chez les adolescents, et d’autre part, moins bon, elle peut entraîner l´apparition d´autres problèmes liés à la mauvaise nutrition.
Quelques jeunes nous parlent de leurs habitudes alimentaires après la crise:
Sabine Saab, 15 ans, nous raconte l´impact de la crise sur la situation à l´école: “Je ne prends plus avec moi d´argent de poche à l´école car ça n’a plus de valeur. Avant, j´achetais chaque jour du Kiosque de l´école une mankouche ou un croissant avec un jus et des sucreries qui coûtaient au maximum 3,000 L.L. Alors qu´aujourd´hui, une seule mankouche ou un croissant ou un donut valent 15,000 L.L.”
Qui plus est, en raison de la hausse des prix quotidiens et de l´impossibilité de définir un prix unifié pour la marchandise, le Kiosque de l´école, a fermé. Ce qui a fait que plupart des étudiants maintenant apportent avec eux leurs nourritures de la maison et peu sont ceux qui achètent des aliments prêts.
Ce phénomène a abouti à la réduction de la malbouffe et par la suite à la modification des habitudes diététiques de Sabine : “je ne mange plus de chocolat qu´à la maison et certainement pas chaque jour.”
L’influence des réseaux sociaux sur l’image de soi :
D’autre part, la plupart des adolescentes se sentent influencées par l’image de femme « parfaite » imposée par les bloggeuses et les fashionistas sur les réseaux sociaux. Au point que dès qu´une fille atteint son âge d´adolescence, elle commence immédiatement à penser au moyen d’atteindre le corps idéal d´Instagram, régime, sport, et même malheureusement des fois, opérations chirurgicales.
Dans un article le 14 septembre 2021, le Wall Street Journal a révélé qu´une étude interne avait informé la direction de Facebook en mars 2020 qu´Instagram, le réseau social préféré des adolescents, était nocif pour l´image corporelle et le bien-être des adolescents. Facebook aurait préféré taire ces résultats et faire comme si de rien n´était, a ajouté le Wall Street Journal.
Vu le temps passé en ligne, chaque jour, par la grande majorité des adolescents, il est important de comprendre l´impact qu´ont sur eux les réseaux sociaux. Instagram est reconnue pour sa capacité à repulper les photos et donc des versions retouchées des adolescents les poussent à se comparer à ceux qui paraissent “mieux” qu´eux. Et presque systématiquement, une mauvaise image du corps à l´adolescence se traduit par de futurs troubles de l´alimentation.
Du coup, nos jeunes auront recours à des recherches personnelles pour suivre un régime amaigrissant rapide. Leur obsession sera de ne pas dépasser les 1000 Kcal par jour. C´est la génération des calories, qui, malgré l’effort d´éviter les anciennes mauvaises habitudes alimentaires comme le grignotage et la suralimentation, néanmoins, elle plonge indirectement dans de nouvelles mauvaises habitudes à cause de la malnutrition et du manque de variété.
L´influence de pratiques alimentaires parentales sur les habitudes des ados :
Léa Hechme, âgée de 16 ans, témoigne de son expérience qui lui a permit d´atteindre un poids inférieur à la normale. Elle a passé de 58 à 48 Kg en quelques mois et sans l´aide d´une spécialiste et même sans faire de sport.
“Durant la première période, je passais tout mon temps sur l´application “Calories tracker” et sur Google pour calculer mes calories, à tel point que j´ai mémorisé le nombre de calories pour chaque type d´aliment”, souligne Léa.
Elle considère que la cause principale de sa prise de poids réside dans les habitudes alimentaires de sa famille. “Nous ne mangeons pas beaucoup de graines et de légumes à la maison, notre régime alimentaire est basé sur les “fast-food” et les pâtes. Et vu que ma tante travaillait dans une pâtisserie, nous avions l´habitude d´acheter des desserts 3 à 4 fois par semaine, à part les desserts préparés par maman. Mais maintenant avec la hausse des prix, nous avons réduit la quantité de nourriture préparée à la maison ainsi que les achats des aliments prêts à manger, uniquement aux occasions.”
Un autre exemple qui décrit les nouvelles mauvaises habitudes alimentaires de ces adolescents représenté par Karen Mikhayel: “J´avais 15 ans lorsque j´ai commencé par ce régime sous prétexte de le suivre seulement pour une certaine durée. En fait, je n´étais pas grosse mais j´avais juste besoin de perdre quelques kilogrammes. Si bien que ce nouveau régime s´est transformé en une sorte d´obsession pour moi, de manière que, si je mangeais le matin un croissant par exemple, je restais toute la journée et même jusqu´au lendemain sans nourriture. Par ailleurs, j´ai décidé de réduire la consommation des aliments riches en calories ou en graisses, ainsi après un certain temps je me suis habituée à ce mode de vie.
Pourtant, je me sentais toujours différente dans ma famille à cause de ces comportements. Mais cela ne m´affectait pas plus, ce qui m´intéressait, c´était de de perdre des kilogrammes et d´atteindre le poids idéal. Et à l´école, je me sentais à l´aise avec mes camarades de classe qui se comportent de la même manière”, ajoute Karen.
Que disent les experts sur les mauvaises habitudes alimentaires ?
La diététicienne Racha Farhat explique que les adolescents à cette phase, ont besoin d´une nourriture variée parce qu´ils sont en cours de croissance, ils ont besoin de manger sain pour se concentrer dans leurs études et leurs examens.
Selon elle, l´essentiel que les adolescents doivent garder en tête, n´est pas seulement le fait de perdre du poids, mais aussi le fait de faire un usage sain de leurs calories. De sorte que plus l´alimentation est variée, plus ces adolescents reçoivent les vitamines et les minéraux nécessaires et contribuent ainsi au développement et au fonctionnement de leur corps.
C´est pourquoi, Racha avertit des dangers de ces applications en ligne: “il faut faire très attention aux calculs de calories sur Internet car celles-ci, ne prennent pas en considération l´alimentation actuelle de ses utilisateurs, leur activité sportive, les aliments qu’ils absorbent et leurs apports ”.
Régime hypocalorique: Attention au danger
A long terme, ces régimes alimentaires à basses calories présentent des effets secondaires dus à la mauvaise nutrition. Causant par la suite des conséquences sur leur santé comme la fatigue, l´anémie, des troubles au niveau de l´alimentation comme l´anorexie, des problèmes osseux, des problèmes au niveau du système immunitaire et du cycle menstruel au point d´atteindre des problèmes de fertilité.
En outre, Racha n´utilise pas l´expression de “cheat meal” avec ses clients, car cela peut conduire plus tard à une mauvaise relation avec l´alimentation et des sentiments de culpabilité inconsciemment à chaque fois, pour avoir triché en mangeant leur plat. Par conséquent, elle essaie de leur apprendre à être libres d’ajuster leur alimentation selon leur envie et leur besoin.
Des conseils pour une meilleure alimentation:
Il est vrai qu´en raison de la crise économique, nous sommes revenus à préparer de la nourriture maison et à nous passer des plats cuisinés prêts à manger, mais malheureusement la qualité de la nourriture a changé aussi.
Avant cette période, les ados achetaient peut-être du pain riche en fibres, des chocolats sans sucre ou des produits faibles en gras. Alors qu´aujourd´hui, ils n’achètent que les produits les moins chers, quels que soient ces ingrédients.
C’est là, que joue le choix des adolescents de modérer les quantités de nourriture malsaine, c´est-à-dire de réduire la malbouffe, que de ne plus jamais en manger.
De plus, même si les prix des fruits et des légumes sont devenus chers, il faut essayer de les inclure, même en petite quantité pour s´assurer une alimentation variée et saine.
Combien peut-on manger de sucre par jour ?
Selon le nombre de calories et la quantité de nourriture consumée par un individu, il existe un certain pourcentage de sucre qui ne doit pas être dépassé quotidiennement.
Ce pourcentage varie d´une référence scientifique à une autre : alors que l´Organisation Mondiale de la Santé “WHO” estime que la quantité de sucre consommé par jour ne doit pas dépasser les 5% du nombre total de calories, ainsi d´autres, comme le Département de l´Agriculture des États-Unis “USDA” considère qu´elle ne doit pas surpasser les 5,15%. C´est ainsi que, si quelqu´un prend 2000 kcal par jour, la quantité de 5% serait 100 kcal de sucres ajoutés.
La part de responsabilité des parents dans les diets des enfants :
En somme, il est recommandé que les parents évitent toute sorte de commentaires négatifs sur le poids de leurs enfants ou leurs mauvaises habitudes. Car le stress et les troubles psychologiques peuvent à leur tour, entraîner une alimentation émotionnelle ou un “ binge eating ”, c´est-à-dire une augmentation de l’alimentation en raison de la situation et donc une prise de poids.
Les parents peuvent ne pas imposer à leurs enfants de suivre un régime alimentaire particulier ou les priver de genres d´aliments qu’ils jugent mauvais pour leur santé. Mais au contraire, ils peuvent être un modèle pour leurs enfants et les habituer à adopter un mode de vie modéré et une alimentation variée afin de pouvoir tout manger.
Le plus important aussi c’est de ne pas oublier combien quelques exercices par jour peuvent faire du bien à notre corps et notre moral.
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