L’enseignement en présentiel redémarre finalement fin septembre. Les professeurs reviennent aux classes et les élèves sur leurs bancs, quelques-uns y sont déjà d’ailleurs. La décision de revenir tombe deux ans après la fermeture des écoles et des universités et l’adoption, depuis, de l’enseignement à distance en raison de la pandémie de Corona. Cette décision peut paraître normale, surtout après la vaccination d’une grande population au Liban, dont les jeunes écoliers récemment, mais cette année les péripéties et difficultés de la rentrée scolaire au Liban ne sont pas liées et dues uniquement au Covid_19 ou la variante delta ces jours-ci… Mais nous avons d’autres genres de difficultés, surtout économiques, qu’affronte le Liban.
Comment l’année scolaire va-t-elle démarrer au milieu de la crise de carburant et du prix exorbitant des livres et des fournitures scolaires ? Comment les parents vont-ils payer les scolarités qui vont nécessairement augmenter ? La grille des salaires n’ayant pas bougé depuis, ni dans le secteur public ni le privé. Les écoles publiques sont-elles équipées à recevoir le flot d’étudiants qui va migrer du secteur privé ? Et les écoles privées pourront-elles combler les vides causés par ces départs ? Sachant que d’autres départs aussi ont eu lieu, mais vers l’étranger. Des familles entières qui ont eu peur d’une année scolaire supplémentaire ratée au Liban. Toutes ces questions s’imposent et ne font que prouver combien cette rentrée de septembre sera ardue.
Quelles sont les décisions du ministre de l’éducation nationale concernant l’année scolaire 2021-2022 ?
- La décision de retourner à l’école repose sur des programmes éducatifs exceptionnels élaborés par le Centre de Recherche et de Développement Pédagogique avec les secteurs public et privé, comme l’a annoncé le ministre de l’Éducation lors d’une conférence de presse.
- L’année scolaire sera composée d’un minimum de 18 semaines d’enseignement effectif au lieu de 36 semaines, compte tenu des circonstances exceptionnelles que nous vivons cette année, de la crise et du prix élevé et de la disponibilité du carburant. Reste à voir comment cette décision sera appliquée en pratique…
- L’enseignement en présentiel sera adopté au moins quatre jours par semaine dans les écoles secondaires et primaires publiques, laissant le cinquième jour au suivi des acquisitions à distance pour celles et ceux qui n’ont pas été en mesure d’obtenir l’information nécessaire.
- Une hotline sanitaire a été créée pour suivre le retour à l’école et un tableau de bord affichera les cas enregistrés de Corona…
- L’enseignement dans les écoles publiques commencera le lundi 27 septembre 2021. Quant aux écoles privées, elles ont la flexibilité de commencer entre septembre et début octobre.
Quand et comment cette rentrée se passe-t-elle dans les écoles privées et publiques ?
Dans les écoles publiques, l’enseignement dans les classes d’examens et de maternelle commence le lundi 27/9/2021, de sorte à ce que tous les autres élèves rejoignent leurs classes avant le lundi 4/10/2021.
Quant aux écoles privées, elles commenceront l’année scolaire entre septembre et début octobre, et il a également été laissé libre de choisir le nombre de jours de présence scolaire. Certaines écoles privées ont décidé du présentiel toute la semaine, tandis que d’autres vont adopter un système hybride de 3 ou 4 jours par semaine seulement à l’école.
À titre d’exemple, le réseau des écoles de La Sagesse a déclaré que : « l’enseignement dans nos écoles se fera en présentiel trois jours par semaines, lundi, mardi et jeudi uniquement. Aucun cours ne sera assuré le reste de la semaine, en raison des coupures de courant. »
Dans une déclaration publiée sur son site Web, le reseau a confirmé que : « Cette décision reste effective jusqu’à la mi-octobre, après quoi le nombre de jours augmentera selon les circonstances. Ce retour progressif aidera les élèves à s’adapter progressivement au retour en présentiel après un arrêt de deux ans. L’année scolaire débutera le 21 septembre pour les classes à examen, les autres cours suivront ultérieurement. »
Quels sont les obstacles à cette rentrée scolaire de fin-Septembre ?
Le retour aux écoles et aux universités est plus que nécessaire, mais des difficultés auxquelles les parents, les élèves et les professeurs devront faire face à leur retour à l’école restent très présentes :
- La capacité matérielle des parents à assurer cette rentrée, en frais de scolarités, en livres et en fournitures scolaires vu l’inflation obscène qui les poursuit.
- L’enseignement à distance sera très difficile à mettre en œuvre aussi, en raison des très longues pannes de courant et d’internet, sans considerer que les ordinateurs (si il y en a ) risquent de tomber pas en panne, et leur prix de réparation est exorbitant.
- Les équipements et outils de protection sanitaire contre le Coronavirus, masques et gel sont devenus hors de prix aussi. Les écoles ne feront pas la dépense et il sera évidemment à la charge des parents d’en procurer à leurs enfants. Cela sera-t-il un facteur supplémentaire, involontaire, de la propagation du virus ?
- La garantie des besoins de base dans l’école publique devient aussi un problème majeur. Le cout de l’encre et le papier utilisés par l’administration et les professeurs, en plus de l’entretien des équipements nécessaires pour le processus éducatif est en dollars.
- A l’enseignement privé, il existe une autre difficulté, celle de l’augmentation des frais de scolarité de 30% en moyenne. Résultat, une grande partie des élèves abandonneront l’école privée et iront dans le secteur public, non préparé à ce nombre d’élèves, l’école publique et les étudiants en pâtiront.
- Les écoles privées souffrent également de la migration des étudiants aisés hors du Liban, partis de peur de perdre l’année scolaire en raison des crises répétées au Liban. Les chiffres révèlent, par exemple, que plus de 400 familles ont quitté le Liban pour migrer vers l’île de Chypre et y ont inscrit leurs enfants, mise à part ceux qui ont immigré vers la Turquie, le Golfe ou l’Europe.
À cet égard, le professeur Hilda Al Khoury, directrice de la direction de l’orientation pédagogique et scolaire, a confié dans un entretien avec Danielle Hatem les difficultés de l’année scolaire actuelle, mais elle a insisté aussi qu’il était très nécessaire pour les élèves de retourner à l’école, ils ne supporteraient pas une troisième année à la maison. Dans l’interview, elle a déclaré qu’il était impératif d’obtenir un soutien aux écoles, que ce soit de l’État ou de l’extérieur, pour éviter l’effondrement du secteur éducatif. Elle a souligné que cette année, il n’était pas possible d’augmenter les salaires des enseignants, car cela nécessitait un budget qui n’existait pas à l’heure actuelle. Les écoles aussi doivent adopter une politique d’austérité, c’est-à-dire éliminer tout ce qui n’est pas nécessaire pour réduire leurs coûts et survivre.
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