Exposition | A travers des posters hauts en couleur, , viens découvrir l’image des Arabes dans le cinéma mondial et occidental à l’exposition Thief of Baghdad qui prend place à Dar el-Nimer jusqu’au 25 mai 2019.
Explicitement sous-titrée « Arabs in the World Cinema » [les Arabes dans le cinéma mondial], l’exposition Thief of Baghdad t’emmène dans un voyage historique à travers d’affiches de cinéma dessinées et colorées, mais aussi de photos et de coupures de presse. La collection d’Abboudi Abou Jaoudé couvre un important pan de l’histoire du cinéma, des années 1910 aux années 1990.
Ces posters, aussi beaux que risibles au vu de l’énormité de certains clichés qu’ils véhiculent, démasquent comment les Arabes sont dépeints par le cinéma occidental… Tu verras, ce n’est pas toujours bien joli, ni avec les meilleurs intentions. Des clichés dangereux, puisque, bien souvent, le public qui les voit ne connaît pas grand chose au monde arabe et les prend facilement pour la réalité. Si l’exposition parle de films que tu pourrais trouver désuets, rappelle-toi que tu as vu, toi aussi, passer un paquet de ces clichés. Te souviens-tu de l’histoire des graffitis dans Homeland ?
Déjà, avant le cinéma commercial, une première image des Arabes tout à fait mystique et magique a été propagée. Ce fantasme a continué pendant la période de la Première Guerre mondiale principalement dans l’industrie cinématographique américaine qui produit près de 700 films par an à l’époque. Une image de l’Orient créée sur la base de contes populaires connus à travers le monde entier comme celui des mille et une nuit dont le récit d’Aladdin ou celle de Schéhérazade, ou encore à travers la figure de Cléopâtre. Cet univers est presque de la fantasy avec une image pour le moins barbare des Arabes. La plupart du temps, cette image est modelée par des gens qui n’ont pas voyagé au Moyen-Orient. Oh, mais ils ont lu bien des ouvrages orientalistes* sur la région !
A partir des années 50, le Moyen-Orient devient le théâtre des films de guerres et d’espionnages. Ce genre culmine dans les années 1960 à travers les films dit « B ». Pour analyser l’évolution de la figure de l’Arabe dans les films occidentaux, il faut aussi prendre en compte l’établissement d’Israël en 1948 et la guerre de 1967. Dans les années 1970, Hollywood (qui au-delà des paillettes est aussi un important outil de propagande pour le gouvernement des Etats Unis) ajoute la casquette de dangereux terroriste à « son » Arabe, souvent dépeint comme brutal, idiot, et primitif.
Et ce ne sont pas les seuls stéréotypes que le cinéma occidental a crée ; as-tu déjà remarqué, peu importe le pays ou la ville de l’intrigue, il y a toujours un désert pas loin ? Et tout le monde parle l’arabe classique… Même les afghans. De toute façon, les acteurs choisis pour incarner des Arabes sont loin d’être toujours arabes… Donc être Arabe, c’est avoir la peau bronzée (parfois, à coup de maquillage). Ce qui est finalement beaucoup plus simple pour englober tout le monde dans le costume indistinct de l’Arabo-irano-musulman. Le blocus pétrolier des années 70, la révolution iranienne en 79 et enfin les attentats du 11 Septembre sont venus renforcer ce stéréotype.
Malgré le remarquable travail des réalisateurs arabes pour présenter leur région avec leur regard, le racisme hollywoodien a la peau dure: avec la fin de la guerre froide, le cinéma américain a perdu son ennemi numéro un, le méchant russe/communiste (qui lui-même remplaçait d’autres vilains comme le méchant amérindien face au gentil cow-boy). Des clichés qui se propagent de plus en plus rapidement, puisque le petit écran aussi s’en est emparé avec allégresse.
C’est pour comprendre ces mécanismes de communication, mais aussi parce que l’exposition est très belle qu’il faut aller voir Thief of Baghdad.
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