Le 10 décembre 2018, à la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix, Nadia Murad est récompensée. La jeune kurde-irakienne a été victime de l’esclavage sexuel perpétré par l’Organisation Etat Islamique (EI) ; sa prise de parole courageuse et son engagement méritent largement cette récompense !
Nadia Murad est née en 1993 au nord de l’Irak où elle a grandi au sein d’une large fratrie. 25 ans plus tard, elle reçoit le prix Nobel de la paix, tout comme Denis Mukwege, militant et gynécologue congolais. Ils sont récompensés pour leurs efforts contre les violences sexuelles comme arme de guerre. Ce type de violence est très répandu, mais reste un sujet sensible, peu pris en compte dans l’observation des conflits et une honte totalement injustifiable continue à entourer les victimes.
Nadia Murad a dépassé cela et a eu la bravoure de prendre la parole. Mais ce n’est pas qu’une cause pour laquelle elle a choisi de s’engager, ce sont aussi les vicissitudes de la vie qui l’ont menée à ce combat. En effet, au début du mois d’août 2014, son village, Kocho, est envahi par l’état islamique dit EI. Le 15, sous la forme d’une rafle, le malheur s’abat définitivement sur la bourgade yézidie. Les hommes et les adolescents sont tués, 6 d’entre eux sont les frères de Murad. Les femmes, elles, sont emmenées à Mossoul. « Servir » les combattants du groupe armé, c’est pour ça qu’elles ont été amenées dans la capitale irakienne tombée aux mains de Daesh.
En seulement trois mois, Murad connaîtra plus d’une douzaine de « propriétaires » qui la réduisent à l’esclavage sexuel. Une condition qui sous-entend les pires sévices possibles et inimaginables… Héroïquement, elle s’enfuit. Avec le concours d’une famille irakienne et le passeport de l’une des enfants de la famille, elle gagne un camp de réfugiés. Après avoir transité par plusieurs autres camps, elle parvient finalement à rejoindre l’Allemagne.
En 2016, ce destin attire l’attention d’Amal Clooney, avocate renommée et spécialiste du droit international et des droits de l’homme. La Britanno-libanaise veut non seulement défendre Murad, mais aussi porter les responsables du génocide des Yézidis devant un tribunal pénal international. La même année, Nadia Murad reçoit deux prix de la part d’institutions européennes et devient ambassadrice de bonne volonté pour l’Organisation des Nations unies. Mais rien ne la fait se reposer sur ses lauriers. Elle continue à militer contre les violences sexuelles et pour la reconnaissance du massacre qui touche les Yézidis.
Son courage et son engagement lui valent bien d’être la seizième femme (sur 104 personnalités), et la seconde plus jeune après Malala Yousafzai, à recevoir le prestigieux prix Nobel de la paix. Un courage et un engagement qu’elle continuera à mettre au service des autres malgré son jeune âge !
Si tu veux en savoir plus :
« On Her Shoulders » est un film documentaire sur Murad réalisé par Alexandria Bombach.
« The Last Girl » est un livre qu’elle a co-écrit avec Jenna Krajeski et qui est publié chez Penguin Books (« Pour que je sois la dernière » en version française).
« Nadia’s initiative », https://nadiasinitiative.org, est le site officiel des actions qu’elle défend et mène.
Commentaires (0)